Harmoniques des sphères - 2019
Sporobole a l’honneur de recevoir l’artiste Jean-Pierre Aubé dans le cadre du BétaLab 1019 pendant les mois d’octobre et de novembre 2019. Il s’agit de la deuxième phase d’un projet de recherche et de création entamé en avril 2018 lors de la résidence Interface : art & science où Aubé a travaillé pendant un an avec les chercheurs de l’iREX, de l’Observatoire du Mont-Mégantic et de l’Astrolab du parc national du Mont-Mégantic. Une oeuvre vidéo – Du Mont Mégantic aux exoplanètes – émergeant de ce contexte a été créée et présentée à l’Astrolab du parc national du Mont-Mégantic à l’été 2019 dans le cadre de la triennale EIM produite par Sporobole.
Dans le cadre de ce BétaLab, l’artiste développera deux autres propositions artistiques inspirées de sa résidence. Un dispositif d’immersion sonore pour 16 enceintes acoustiques sera installé dans la galerie principale et permettra à l’artiste et à ses collaborateurs d’y développer une oeuvre sonore évoquant les recherches du physicien, astronome, mathématicien, musicien et théologien allemand Johannes Kepler. Celui-ci publia en 1619 le traité Harmonices Mundi où il attribue aux planètes un thème musical et exprime ses convictions sur les connexions entre le monde physique et le monde spirituel justifié par les mathématiques, la physique et l’astronomie. Le deuxième projet qui y sera développé prendra comme matière première les données brutes captées par les outils modernes d’observation des confins de l’univers à la recherche des exoplanètes. Ces données serviront de base à l’oeuvre qui prendra la forme d’une installation vidéo.
Texte par Sporobole
Du Mont-Mégantic aux exoplanètes - 2019
Le film que propose Jean-Pierre Aubé est issu d’une résidence d’un an (2018-2019) – dans le cadre du programme « Interface » de Sporobole – à l’Observatoire du Mont-Mégantic, l’iREx et l’ASTROlab du Parc National du Mont-Mégantic. Du Mont-Mégantic aux exoplanètes se présente comme un parcours en trois temps traversant toutes les saisons : on commence au plus près avec la nature, on suit le sentier de la montagne puis on nous oriente vers le télescope de l’Observatoire qui déjà nous redirige vers le ciel et les étoiles, au plus loin. De là, le monde tangible bascule vers celui des données et des algorithmes. Le film est une traversée et il porte en lui un constat : en aménageant des passages du micro vers le macro, il met à l’avant-plan les échelles spatio-temporelles et leur impact sur notre perception du monde.
L’étoile vers laquelle remonte le film se nomme GU Psc. Les scientifiques de l’iREx ont découvert une masse planétaire qui orbite autour d’elle : une exoplanète dont la distance d’avec son étoile est de 2000 fois la distance terre-soleil, alors que l’étoile elle-même se trouve à 1,45 million de milliards de km de la terre. D’où nous sommes, il s’agit d’un minuscule point dans l’univers, une étoile parmi tant d’autres. Pourtant, cette distance est ce qui nous permet de mesurer l’ampleur de notre vertige.
Sur la lisière entre neutralité documentaire et objectivité scientifique, Du Mont-Mégantic aux exoplanètes interroge les mécanismes du regard tout autant que ceux, plus obscurs, d’instruments toujours plus complexes qui permettent de récolter des masses de données. Monitorées et analysées, examinées et traitées, ces données – avec ce qu’elles révèlent et dissimulent tout à la fois – nous rappellent que l’univers constamment nous échappe.
Texte par Sporobole
Kaléidoscope II - 2017
Jean-Pierre Aubé s’inspire du pavillon Kaléidoscope qui fut commandité pour Expo 67 par six entreprises chimiques canadiennes. Le pavillon créé par Morley Markson avait été conçu pour offrir une expérience psychédélique dynamique mariant couleurs et musique expérimentale au cours de laquelle les visiteurs traversaient trois projections cinématographiques réfractées par de nombreux miroirs. L’installation d’Aubé est composée de courtes vidéos qui montrent en accéléré le processus de cristallisation de produits chimiques achetés sur le deep Web, le côté obscur d’Internet. Adoptant des techniques scientifiques, Aubé a modifié un microscope et a utilisé la lumière polarisée afin de rendre visible la couleur des cristaux, mais également leur structure interne et leur matérialité. Chaque court segment vidéo est ensuite analysé en temps réel par un algorithme de reconnaissance faciale et l’information est envoyée à un réseau de synthétiseurs analogiques. La trame sonore originale du Kaléidoscope provenait de la musique du compositeur canadien R. Murray Schafer, connu pour avoir forgé le terme « soundscape », ou paysage sonore. Pour son installation, Aubé a modifié une pièce de l’album Killing Technology, 1987, de Voivod, un renvoi à la musique avant-gardiste dystopique du genre thrash metal.
Jean-Pierre Aubé à Venise - 2016
La vidéo Jean-Pierre Aubé à Venise fut réalisée suite à la performance Electrosmog Venezia. Documentaire pédagogique, la vidéo montre et fait entendre les radiofréquences présentes à Venise lors de l'ouverture de la 56e biennale. Le jour, les performeurs Mathieu Latulipe et Myriam Laplante, équipés d'antennes de micro-ordinateurs, enregistrent les signaux émis par les objets connectés des visiteurs des Giardini et de l'Arsenale. Le soir venu, au Campo Santa Margherita, ils déploient leur matériel de captation radio, portable et autonome. Apparaissent alors sur un écran de fortune les traces des téléphones cellulaires des passants.
Durée originale : 25 minutes 20 secondes.
Un projet de Jean-Pierre Aubé, images : Frédéric Lavoie, performeurs : Mathieu Latulippe et Myriam Laplante,
commissaire : Louise Déry, production : galerie de l'UQAM et kloud.org
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Electrosmog Venezia - 2015
Lors de la 56ième Biennale de Venise, du 6 au 8 mai, j'ai réalisé plusieurs captations de fréquences radio sur les sites de la Biennale, collectant, documentant et enregistrant les émissions provenant des systèmes personnels de télécommunication. Muni d’un dispositif portatif composé de plusieurs radios, antennes et ordinateurs en réseaux, j'étais secondé par les performeurs Myriam Laplante et Mathieu Latulippe pour scruter le ciel de Venise.
Electrosmog Venezia fut produit par la galerie de l'UQAM, commissarié par Louise Déry et appuyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).
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Sur le projet, Galerie de l'UQAM
Dépliant
communiqué de presse
Radio Vaticana - 2015
En banlieue de Rome, à Cesano, se trouve un des plus grands émetteurs radio au monde, celui de Radio Vaticana. Sur plus de 400 hectares, les dizaines d'antennes permettent d’émettre partout sur la planète. Clôturées, sous haute surveillance, les antennes de Radio Vaticana font l'objet d'une attention particulière. En effet, la station créée en 1931 par Marconi lui-même, subit depuis longtemps les critiques d'activistes ou des actes d'écoterrorisme. Son directeur, le Cardinal Roberto Tucci, fut même condamné par un tribunal pour avoir contrevenu aux règles de télécommunication d'Italie.
Ce ne sont probablement pas les polémiques qui auront raison des émetteurs de Cesano. En effet, le pape lui-même a récemment lancé une commission afin de réformer les médias du Vatican. On y entrevoit déjà la possibilité de fermer la station, considérant qu'à l'ère d'Internet, les communications par radiofréquences sont désormais obsolètes.
J'ai filmé cette vidéo à Rome et Cesano autour du parc d'antennes. La trame sonore est faite à partir d'enregistrements audio des multiples stations de Radio Vaticana.
Produit par la Galerie de l'UQAM, dans le cadre de l'exposition Electrosmog commissarié par Louise Déry à RAM Radioartemobile à Rome en mai 2014.
Abbattute le prime antenne di Radio Vaticana: esultano i cittadini di Cesano
Vatican Radio officials convicted
Le pape nomme une commission pour réformer les médias du Vatican
Sous surveillance, carte du ciel satellitaire - 2014
Cachées dans Internet, on peut trouver des listes de satellites. Celles-ci contiennent des informations sur les milliers d’objets artificiels en orbite autour de la terre. À partir de ces données, on peut calculer la position des satellites en tout temps.
Sous surveillance est une image de synthèse qui utilise ces informations afin de rendre visible la trajectoire de satellites dans le ciel. Pour réaliser cette image, j’ai programmé un logiciel qui trace des lignes en fonction de la position et de la vitesse des objets en orbite.
Sous surveillance utilise des données sur des satellites-espions, c’est-à-dire classés « secrets » par les pays émetteurs. Ces données sont compilées par des pirates informatiques qui, à l’aide de télescopes, arrivent à repérer les objets que l’on veut nous cacher. Comparable à une carte du ciel, l’image montre les 28 800 passages de satellites-espions au-dessus de mon studio pendant une période de 30 jours. Chaque passage dans le ciel produit une ligne qui varie en position et en couleur en fonction de l’orbite du satellite.
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100 000 000 d'années après le Big Bang - 2014
C'est dans les années 60 que Arno Pensias et Robert Wilson découvrent par hasard le fond diffus cosmique. C'est lors de recherches sur les communications avec les satellites artificiels qu'ils découvrent un signal radio présent au fin fond de l'univers. Ce signal est en quelque sorte les résidus de l'énergie déployée par le Big Bang. Depuis, la cartographique du fond cosmique révèle de microscopiques variations de température. Ces variations confirment la théorie du Big Bang. En extrapolant par delà le fond cosmique, les scientifiques on créé un graphique de l'évolution de l'Univers. Ce graphique montre, entre autres, l'évolution de la température, la dimension de l'horizon, l'apparition de la matière.
100 000 000 d'années après le Big Bang est une installation audio-vidéo qui utilise ces données. Pour y parvenir, j'ai créé un système d'animation qui utilise une camera, une matrice de 64 led VBR, un Arduino, et un logiciel Processing. Image par image, le logiciel modifie la couleur et l'intensité des LEDs et recrée à une échelle infime les proportions du Big Bang.
La trame sonore utilise le même procédé, mais cette fois l'interface contrôle des synthétiseurs. Le graphique de la diffusion du Big Bang devient alors une partition musicale.
Amundsen leg 3 2014 - 2014
Le NGCC Amundsen est un brise-glace de la Garde côtière canadienne, de même qu'un navire de recherche scientifique. Il a été doté d'équipements et d'instruments afin d'explorer l'océan Arctique. Tous les étés, le bateau traverse le passage du Nord-Ouest avec à son bord une quarantaine de scientifiques. En 2014, j'ai été invité à participer au leg 3, dernière étape de son voyage dans l'archipel arctique de Kugluktuk à Québec. Pendant près de 3 semaines, j'ai filmé à partir du pont du bateau.
Au début, les images montrent la formation de la glace, jusqu'à la Banquise, alors que le navire monte vers le nord. Ensuite, à la sortie du passage, après l'île de Bylot et la côte est de la Terre de Baffin, le bateau s'enfonce des dizaines de kilomètres dans une baie afin de cartographier les fonds marins. La vidéo nous montre des paysages parmi les plus isolés du monde, qui défilent à la vitesse du bateau, entrecoupés de scènes de laboratoires, d'équipements scientifiques et d'échantillons de recherche en biologie marine.
Filmé en octobre 2014, dans l'archipel arctique, l'ile Victoria, l'ile King Edward, l'île de Bylot et la terre de Baffin.
Durée originale : 13 minutes 23 sec.
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre du projet transdisciplinaire BB POLAR grâce au soutien financier de la Fondation Total et avec l'aide du CNRS, de l'Université de Bretagne Occidentale, du Museum d'Histoire Naturelle de Paris, de l'Institut des sciences de la mer de l'UQAR à Rimouski et du réseaux ArticNet. L'artiste remercie Philippe Archambault, professeur-chercheur à l'Institut des sciences de la mer de Rimouski, Frank Michel commissaire indépendant, ainsi que l'équipage de la garde côtière et les scientifiques du leg 3 2015 du NGCC Amundsen.
Graphiques de l'Electrosmog de 0.1 à 144 MHz - 2012
Les graphiques de l'Electrosmog sont des images créées par ordinateur et imprimées sur papier. Elles sont produites à l'aide des données sur la présence des ondes radios captées par mon logiciel e-smog-scan . Chacun des 6000 cercles qui composent l'image est relié à une fréquence. Celles à l'extérieur du disque correspondent aux basses fréquences (0,1 Mhz) tandis que celles au centre correspondent aux très hautes (144 MHz). La luminosité de chacun des cercles varie en fonction de la puissance du signal radio. La couleur du graphique correspond à la couleur du ciel au moment de la captation de données.
Il y a une logique inhérente au format circulaire du graphique. En effet, si l'on considère les propriétés physiques des ondes radio, plus la fréquence est basse, plus les ondes voyagent loin. À l'inverse, les hautes fréquences sont dotées d’une forte capacité de pénétration, mais voyagent peu. En plus de voir la quantité d'ondes présentes, les graphiques permettent donc aussi d'avoir une idée de la distance relative parcourue par celles-ci.
8 graphiques ont été compilés jusqu'à maintenant : Berlin, Istanbul, Mumbai, Hong-Kong, San-Francisco, Montréal, Venise et Toronto
Electrosmog Montréal, 0.1 MHz - 144 MHz - 2012
Le spectre des radiofréquences est au coeur des activités de télécommunications, il est employé entre autres par les services de police, de santé, de transport ou encore les forces armées. À usage domestique, il permet le fonctionnement des équipements sans fil ou mobiles. Ressources pour les uns, menaces sanitaires pour d’autres, les champs électromagnétiques se multiplient depuis le début de l’électrification. Dans la série Electrosmog, Jean-Pierre Aubé s’intéresse aux radiofréquences ambiantes, qui, pour lui, forment un territoire singulier, caractérisé par sa densité et par les enjeux politiques et économiques qu’il porte.
Équipé d’une radio, d’une antenne et d’un logiciel qu’il a lui-même conçu, l’artiste balaie un spectre de fréquences dont l’étendue se trouve très exactement formulée dans le titre de l’oeuvre. Tous les dixièmes de seconde, cet appareillage capte des données qui représentent une mesure de la puissance de perturbation électromagnétique sur une fréquence précise. Ces données sont utilisées pour créer un « documentaire sonore » qu’Aubé accompagne d’images de Montréal, altérées par les mêmes enregistrements préalablement recueillis.
En savoir plus sur l'Electrosmog
Exoplanètes - 2011
Depuis 20 ans, de multiples équipes scientifiques recherchent des exoplanètes. A l'aide de diverses techniques, ces astres sont découverts à un rythme grandissant. Ces découvertes sont partagées sur Internet et mises à jour régulièrement.
Exoplanètes est un diaporama automatisé qui utilise des bases de données scientifiques, un ordinateur, un système de son quadraphonique et un synthétiseur. Pour réaliser le projet, j’ai d’abord programmé un logiciel de datamining-1. A chaque jour, le système sonde les sites Internet scientifiques afin de télécharger les dernières listes d'exoplanètes. Si de nouvelles découvertes sont ajoutées aux listes officielles, le logiciel télécharge l'image du système solaire correspondant et l'ajoute au diaporama. Ensuite, une formule mathématique évalue les ondes radio émises par l'exoplanète. Ces calculs sont des projections théoriques sur la quantité d'énergie produite par la planète. Cette simulation est ensuite interprétée comme une partition par un synthétiseur, lequel «joue» les fréquences calculées par le logiciel.
En 2010, lors de la première présentation de l'installation, environ 180 exoplanètes étaient connues. Le diaporama durait alors 40 minutes avant de faire la boucle. En juin 2015, le système en compte plus de 1900, pour une durée de 7 heures. Les astronomes estiment à 1.6 milliard la quantité d'exoplanètes dans notre seul système solaire. Dans un avenir rapproché, donc, des centaines de milliers d'exoplanètes auront été découvertes. Il est inexorable, selon cette logique, que le diaporama ne parvienne plus à compléter la boucle.
Electrosmog 824-894 MHz - 2010
face A : 18 lignes tirées de la Table d'allocation des fréquences du Canada
Base de données gravées sur vinyl, Recherche par zone géographique avec les cordonnées 45 °3124 nord et 73 °3516 est. Source : Industries Canada Source : Industries Canada
face B : Electrosmog 824 – 890 MHz
Récepteur radio USB contrôlé par ordinateur, antenne Yagi 800-900 Mhz, logiciel artisanal de balayage d'ondes et d'enregistrement audio, 18 pistes audio exécutées simultanément de radio-fréquences entre 824 et 890 Mhz : téléphone cellulaire, tour micro-ondes et communications d'Urgence Santé.
Artwork : Toutes les antennes radio dans un rayon de 120 km de mon studio
Coordonnées géographiques et hauteur de 28 840 antennes, logiciel artisanal d'imagerie numérique et de cartographie. Source : Industries Canada
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31 soleils (Dawn Chorus) - 2010
Vidéo d'un transit solaire en H-Alpha, 31 fréquences radio dans les bandes LF, synthétiseurs Analog Solutions Leipzieg-r, DIY Atari Punk Console, Icom PCR-2500, logiciel E-Smog-Scan créé avec Processing
31 soleils (Dawn Chorus) est une installation vidéo qui utilise un logiciel (e-smog-scan) une antenne (G5RV) et une radio USB (Icom PCR) afin de capter les apparitions des stations radio à l’aube. Automatique le système syntonise une fréquence radio, analyse la présence de signaux les enregistre et les compile dans une base de données. Pour chaque journée de captation le système créé un graphique, celui-ci permet de voir les déplacements et variations de puissance des ondes induites par le soleil.
Ces images/graphique sont ensuite utilisés comme partition, elles sont reliées aux fréquences radio, aux modifications qu’elles subissent. Une suite de synthétiseurs rejoue cette partition, elle rythme les perturbations de chacune des 31 fréquences analysées. Lorsque le vide du silence radio est rompu par une station radio, le rythme du synthé fait place au son de la station captées. Apparaît alors la voix des preachers américains, de la propagande cubaine, de Radio Taiwan, ou même une balise de sous-marin Russe, toutes rendues audibles par la puissance de l’astre solaire.
Transit solaire
L’image du soleil fut captée à l’aide d’un télescope solaire en H-Alpha (Coronado PST). Ce type d’optique ne laisse passer que la lumière rouge, et ce, dans une longueur d’ondes très précise; celle de l’hydrogène. Puisque le soleil est principalement composé d’hydrogène, l’image produite accentue les différences de température à sa surface. A travers le télescope, le soleil devient monochrome rouge. La texture à la surface montre des tâches solaires des centaines de fois plus grande que la terre: au centre de l’image un pixel correspond a 26 000 km. Au zénith, le contour du disque rouge laisse voir les protubérances solaires, éjection composée de plasma. Filmé les jours des captations radios, la vidéo montre l’état du soleil, de son activité, celle qui modifie la propagation des ondes.
Cycle - 2008
8 haut-parleurs intégrés à la Galerie, 198 mètres de fils, 4 amplis de voiture, interface musicale pour instruments numériques (MIDI), 2 ordinateurs, logiciel de spatialisation sonore et 3 caissons de transport
Système octophonique de diffusion sonore réalisé à partir de l’ensemble des enregistrements d’ondes myriamétriques
Titan et au-delà de l'infini - 2007
Le 14 janvier 2005, après un voyage de 7 ans et de 3 milliards de kilomètres, le drone Huygens atterit sur Titan, une lune en orbite autour de Saturne. Après une descente de 2 heures 30 minutes, le petit vaisseau spatial automatisé envoya un message radio d'une durée de 2 minutes. Ce fichier sonore comprenait les données télémétriques captées par les différents senseurs de la sonde. Il s'agit en fait d'un carnet de voyage, le journal d'une exploration d'une contrée jamais visitée.
Ces données récoltées lors de la chute de Huygens sont aujourd'hui disponibles sous forme de fichiers informatiques par L'Agence spatiale européenne. Titan, and Beyond the Infinite utilise les données réelles de Huygens et des outils d'interprétation scientifique.
Pour réaliser cette vidéo, j'ai d'abord programmé un logiciel qui compile et organise les données sous forme de graphique. Ce logiciel traduit en d'images les différentes métriques des 11 instruments à bord de Huygens. Le titre est une référence directe à une scène de 2001 Odyssey de l'espace : Jupiter, and Beyond the Infinite, communément appelée the Stargate Sequence. Douglas Trumbull réalisa cette scène. Trumbull était illustrateur technique pour la Nasa à l'époque où Kubrick l'engagea. Il adapta pour le cinéma la technique du slit scan, effet d'origine photographique où de longs temps d'exposition sont associés à des mouvements de caméra pour créer l'illusion de déplacement. Les données de Huygens sont donc organisées sous forme de graphique, puis compilées par un algorithme. Les données comme la vitesse, l'altitude, la densité de l'atmosphère de Titan, sont analysées et traduites par mon logiciel d'imagerie virtuelle.
Élegance - General Electric - 2005
Domestication des propriétés sonores d'un électroménager.
Depuis quelques années, j'utilise un réfrigérateur de marque General Elcetric modèle Elégance fabriqué au début des années 80. Ce frigo occupe l'espace sonore de mon appartement, au fil du temps, diverses altérations mécaniques ont modifié ses propriétés acoustiques.
Pour expliquer les phénomènes captés par les récepteurs de Save the Waves, j'utilisais l'analogie des bruits produits par les réfrigérateurs, objet domestique commun qui vibre au hasard des déclenchements du compresseur. En effet, les appareils électroménagers oscillent à la même fréquence que le système qui lui fournit son énergie, c'est-à-dire 60 cycles par secondes (60hertz). Elégance - General Electric, circa 1982, utilise les techniques de sonorisation propre au studio d'enregistrement. Enfermés à l'intérieur de mon réfrigéateur, coupés du monde, des microphones sont disposés à différents endroits stratégiques. Sous haute surveillance mon frigo fera donc l'objet d'une analyse méticuleuse, ses moindres vibrations seront épiées et amplifiées des milliers de fois.
Dans Our sonic Environement and the Soundscape, R. Murray Shaffer explique que certaines études ont démontré la capacité que nous possédons d'éluder certains sons de notre environnement sonore, parmis eux, les vibrations induites par le 60 hrz, donc les electroménagers. Depuis la révolution électrique, les milieux urbains vibrent à l'unisson de tous ces appareils électriques. Des simples lumières au plus gros générateur, tous participent à produire un paysage sonore aux harmoniques complexes. Depuis quelque temps donc, lorsque la ville est endormie j'écoute attentivement mon frigo.
Espionner la force de travail électromagnétique - 2005
Spying the Electromagnetic Workforce (Espionner la force de travail électromagnétique) est la version domestique de Save the Waves. Cette installation, monitore en temps réel les fluctuations des champs électromagnétiques présents dans l'espace d'exposition. Pour y arriver je me suis inspiré des espions qui utilisent les récepteurs d'ondes radio extrêmement basses (Very Low Frequency) afin de repérer les perturbations électriques induites par des microphones, caméras ou autres objets électrifiés.
Le système est composé d'un récepteur VLF, de 2 antennes, d'un microcontrôleur et un mixeur relié par Midi. Le micro-contrôleur agit comme un syntonisateur automatique, il balaie le spectre des basses fréquences. Les 4 haut-parleurs, inspirés d'un technologie des années 50, ont été construits spécifiquement pour le genre de fréquences captées par le système.
De multiples phénomènes influencent les sons émis par l'installation : l'heure de la journée, la puissance du réseau électrique, les technologies présentes dans le lieu, ou encore la météo solaire.
Photo-Synthèse - 2004
A toutes les 10 secondes, un micro-contrleur interroge une cellule photo-lectrique colle la fentre de mon studio montralais. De faon gnrale, on peut dire que moins il y a de lumire, plus la cellule photo-lectrique rsiste. Ainsi, la valeur de cette rsistance varie selon la luminosit ambiante. Ces valeurs sont d'abord values par un dcodeur analogue/digital, puis transmises un micro-ordinateur. Stockes dans une base de donnes, elles sont classes par ordre chronologique.
un nombre = un pixel = 10 secondes / (( une journe = 1440 minutes ) x 10 secondes) x 72 dpi = 44 pouces
Ces valeurs sont ensuite analyses et transposes en pixels. La quantit journalire des valeurs gale 8646. Si on imprime cette image, elle aura 44 pouces. Ce dispositif est donc une machine peindre utilisant la lumire du soleil. Les technologies digitales sont d'une prcision chirurgicale: le convertisseur analogue/digital 12 bits que j'utilise permet 8192 tons de gris.
Il y a un macro-phnomne l'chelle sidrale: celui du soleil et de la rotation de la terre. cette chelle, les phnomnes sont prvisibles. Nous sommes capables de prvoir quelle heure se couchera le soleil un endroit prcis, et ce pour des dizaines de milliers d'annes venir. Par contre, sur le toit de ma maison, une multitude de micro-variations influencent la luminosit: les nuages, les lumires artificielles du milieu urbain, la pollution atmosphrique, etc.
Save the Waves - 2004
Par un dispositif imposant, l'installation Save the Waves de Jean-Pierre Aubé rend audible les mouvements des champs électromagnétiques habituellement imperceptibles.
Depuis l'été 2000, Aubé fabrique des récepteurs d'ondes VLF (VLF - very low frequency). Comparables à des récepteurs radios, ceux-ci lui permettent d'enregistrer des fluctuations de la magnétosphère et d'entendre des sons émis par les phénomènes électromagnétiques comme les aurores boréales et les éclairs.
Pour réaliser le projet VLF-Natural Radio (2000-2003), Aubé a parcouru différents territoires isolés : une île sur le Saint-Laurent, un lac en Laponnie finlandaise et les rives du Loch Ness en Ecosse. Ces expériences devaient être faites loin des milieux urbains puisque les signaux V.L.F. sont sensibles aux lignes de transmission électrique. Le projet à Quartier Ephémère propose d'inverser le processus de VLF-Natural Radio, afin de sonoriser et d'amplifier la pollution électromagnétique.
Jean-Pierre Aubé remercie André Théberge, Christian Bouchard, Mathias
Delplanque, Emmanuelle Léonard et Michel de Broin
Nocturne - 2004
Réalisée suite à une résidence à Passerelle l'installation Nocturne a comme point de départ le phare du Créac'h situé sur l'île de Ouessant. Le phare, un des plus puissant au monde, projète toutes les 10 secondes 2 signaux lumineux. J'ai d'abord filmé le phare la nuit et créé une boucle de 10 secondes. Collées à la surface de l'écran d'ordinateur, 2 cellules photoélectriques analysent la lumière qui émane du phare. Lorsque la luminosité du phare atteint un certain niveau les capteurs de lumière envoient un signal à un micro-contrôlleur qui active une série d'événements. Utilisé comme console audionumérique, l'ordinateur reçoit des données du micro-contrôlleur et accorde les niveaux sonores aux rythmes du phare.
Le système de hauts parleurs paraboliques a été réalisé spécifiquement pour Passerelle. À l'aide d'un système de compression, les 2 composants principaux sont construits pour optimiser l'effet directionnel du son. Le caisson de basses est copié sur un modèle Electro-Voice des années 70.
V.L.F. Natural Radio - 2000
La terre est englobée d’un puissant champ magnétique que l’on nomme magnétosphère. Puisque la terre n’est pas un système inerte, la magnétosphère subit constamment des perturbations; les orages électriques, les vents solaires, les aurores boréales.
Par exemple lorsqu’un éclair frappe, un signal électrique d’une forte puissance est propagé dans l’espace et fait osciller le champ magnétique de la terre.
D'une technologie similaire a celle de la radio, les recepteurs VLF captent les phénomènes qui troublent le champ magnétique de la terre, c’est pour cette raison que l’on nomme ces sons Natural Radio.
Commentaires sur la disparition annoncée d’un phénomène naturel.
Les ondes VLF occupent un espace presque vierge de toute transmission de télécommunications. Par contre, la technologie rend aujourd’hui possible l’utilisation des fréquences VLF. Les ondulations produites par les émetteurs prennent la place des ondes naturelles émises par les aurores boréales et les différents phénomènes climatiques. Par exemple, les sous-marins russes ou les balises horaires américaines utilisent les fréquences VLF pour communiquer. Par leur puissance, ses signaux hertziens supplantent les phénomènes naturels présents sur les féquences VLF. À moyen terme, les ondes VLF seront complètement enfouient sous les différents systèmes de télécomunication.
On participé à ce projet depuis 2000
Mathias Deplanque aka LENA, Mathieu Marguerin de Mainsdoeuvres, Le Centre culturel Canadien à Paris, Quartier Éphémère,
André Théberge, Le Conseil des arts et des lettres du Québec,EST-NORD-EST, Emmanuelle Léonard, Rikka Suomi de la Finnish Artits Studio Foundation, Peter Ride du Centre for Arts Research, Technology and Education CARTE.